Page:Bosquet - Une femme bien elevee.pdf/285

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amour. Elle aurait voulu faire part de sa découverte à Cécile ; mais dans la crise de sentiment où était la jeune femme, cette communication pouvait être imprudente. À cette heure, peut-être n’aimait-elle plus Félicien, ou du moins elle mettait en balance avec cet amour la crainte des catastrophes qui en seraient la conséquence probable. Lui montrer comme prochains ces dangers dont la menace la faisait frémir, n’était-ce pas la pousser à une résolution désespérée, qui n’avait d’ailleurs rien de plus effrayant que d’épouser un homme riche, amoureux et aimable ?

Cécile se lassait de cet état incertain, compromettant pour sa fierté, pensait-elle. M. Delaroque lui ayant dit un jour, d’un ton de gaieté qui lui permettait aussi d’interpréter en plaisantant la réponse qu’il recevrait, fût-elle défavorable :

— Quand donc irons-nous à Notre-Dame prendre notre passe-port de voyage ?

Elle répondit :

— Je vous le dirai dans trois jours.

— Trois jours, c’est trop ou trop peu. Trop, si vous êtes décidée ; trop peu, si l’entraînement est encore à naître. Ce sera donc unique-