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En prononçant ces paroles, Félicien, qui était assis au pied de madame de Nerville, lui baisa la main, puis lui fit incliner doucement la tête, et ses lèvres passèrent de la main au front. La vieille femme reçut ces caresses avec un abandon complaisant qui lui rendit un instant toutes les grâces de sa jeunesse amoureuse.

— Savez-vous, lui dit Félicien en se retirant, que vous êtes dangereuse, même à égarer un amant ?

Madame de Nerville sourit, parce qu’elle était plus forte que ses impressions, et parce qu’elle connaissait exactement la valeur de cette flatterie, dans laquelle il y avait encore assez de vérité pour qu’elle lui fût agréable.

— Que cette petite Adrienne est stupide, se dit-elle, de n’avoir pas su apprécier cet homme-là !

C’était par des réflexions semblables que Mathilde croyait s’excuser et imposer silence aux remords qui s’élevaient dans sa pensée.

Le vendredi suivant, ainsi que l’avait annoncé sa tante, Cécile attendait à la gare de Motteville le passage du convoi qui se rendait du Havre à Rouen. On était aux derniers