Page:Bosquet - Une femme bien elevee.pdf/300

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tendre. Près de lui, cependant, elle ne redoutait rien : en lui étaient le repos, la protection et la sécurité ! Plus ses alarmes avaient été vives, plus elle se livrait avec attendrissement au bien-être que donne la confiance. C’était ainsi qu’elle se désarmait. Elle laissait le moi se refouler en elle, elle s’abandonnait à cet affaissement de la volonté, à cet anéantissement de l’être qui est la suprême volupté des femmes.

Félicien, de son côté, ne trouvait pas de caresses assez douces, assez persuasives pour rassurer ses craintes, pour endolorir ses émotions. Tout à coup, cependant, elle se réveilla de cet aveuglement passager de sa conscience, de cet oubli d’elle-même.

— Est-ce là, dit-elle, ce que nous nous étions promis ?

— C’est vrai, répondit Félicien ; je ne veux pas vous devoir à l’entraînement de votre amour, mais au ferme consentement de votre raison.

Ils essayèrent de rompre l’étreinte qui les unissait ; leurs esprits le voulaient, mais leurs cœurs émus s’y refusèrent ; les paroles par lesquelles ils s’encourageaient expirèrent sur leurs