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en dehors de la réalité. Les êtres qui avaient quelque action sur sa destinée, Félicien, Cécile, madame de Nerville, Eusèbe même, formaient un monde à part. Si différents qu’ils fussent les uns des autres, ils se réunissaient dans une communauté de passion qui lui était interdite ; ils s’abreuvaient à une source de vie à laquelle elle ne participait point.

Enfin, elle résolut d’avoir l’avis d’Eusèbe et de s’en rapporter à sa décision. S’il n’avait pas pour lui l’expérience, il avait l’instinct et le pressentiment. Eût-elle douté de sa sagesse, elle ne pouvait suspecter au moins ni son dévouement ni ses bonnes intentions.

Les relations d’Eusèbe et d’Adrienne ne s’étaient continuées que par de rares lettres, et quelques entrevues chez madame Milbert et madame Forbin, dont ils saisissaient l’occasion sans la faire naître. Dans cette circonstance, Adrienne aurait pu appeler près d’elle son jeune conseiller ; mais, craignant d’attirer l’attention sur cette visite, elle préféra aller le trouver elle-même.

Elle savait qu’on lui avait imposé un long travail théologique, pour lequel il faisait des recherches dans la bibliothèque du chapitre