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métropolitain. Il venait s’y installer deux fois la semaine pendant plusieurs heures. Adrienne choisit ce moment pour demander à être introduite auprès de lui. On la fit entrer dans une pièce délabrée où se trouvaient un grand nombre de manuscrits couverts en parchemin et quelques in-folio vermoulus. Eusèbe écrivait devant un petit pupitre peint en noir. Il n’y avait point d’autre meuble dans cette pièce que la chaise en paille sur laquelle il était assis, une petite échelle pour atteindre aux livres, et un vieux fauteuil dont le cuir était si râpé qu’il était impossible d’en distinguer la couleur.

Ces apparences misérables s’accordaient trop bien avec la désolation d’Adrienne pour ne pas la lui rendre plus sensible. L’atmosphère aussi était glaciale. La jeune femme, toute navrée, se jeta dans le fauteuil en fondant en larmes. Eusèbe la regarda avec surprise, puis avec attendrissement.

— Calmez-vous, lui dit-il : car je veux bien essayer de vous consoler, mais je n’oserais pleurer avec vous.

Adrienne le regarda à son tour, et, cette fois, elle eut une vive révélation de femme.