Page:Bosquet - Une femme bien elevee.pdf/318

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

avez contribué à précipiter tous deux dans le péché !

Et comme elle levait sur lui ses yeux interrogateurs et hésitants :

— Ne craignez rien, ajouta-t-il ; de quelque manière que la Providence dispose de vous, votre part sera bonne ; donnez tout votre cœur au pardon, et quand vous en posséderez la sainte vertu, vous serez consolée. Le pardon, c’est la charité avec son dévouement, l’amour avec son abnégation, l’humilité avec sa douceur, la générosité avec sa grandeur royale. Croyez-vous que c’est en vain que vous posséderez toutes ces vertus, si elles sont sincères, et qu’elles ne vous pareront point d’une nouvelle beauté aux yeux de votre époux ? Mais quand il les méconnaîtrait, Dieu ne les méconnaîtra pas, lui ; il visitera son abandonnée ; il vous comblera de ces joies touchantes que la sensibilité trouve dans le sacrifice, et, loin peut-être de demander que le calice s’éloigne de vous, alors, vous vous écrierez : Souffrir, mon Dieu ; mais pardonner ! mais aimer !

— Oh ! je vous crois, s’écria Adrienne, irrésistiblement touchée. J’ai été égoïste, dure, vaniteuse ; mais j’étais une enfant ignorante et