Page:Bosquet - Une femme bien elevee.pdf/317

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— Ah ! s’écria-t-elle, vous aussi, vous souffrirez !

Il baissa les yeux et ne répondit point. Alors elle lui expliqua quelle nouvelle perturbation amenait dans sa vie l’inconstance de Félicien : que devait-elle faire ? obéir aux conseils des amis de sa mère ou à ceux de madame de Nerville ?

— Ainsi, répétait-elle, je suis trahie, abandonnée ; mon mari n’a eu pour moi ni respect ni pitié !

— Je comprends l’amertume de vos sentiments, et pourtant, si vous ne la corrigez pas, la démarche qu’on vous conseille sera plus dangereuse qu’efficace.

— Comment s’empêcher de ressentir une si grave offense ?

— On peut la ressentir, mais il faut la pardonner. Le jour de l’expiation est arrivé pour vous ; votre tâche sera rude peut-être, mais elle est sainte et glorieuse : embrassez-la avec ferveur. Si vous êtes épouse chrétienne et dévouée, ce n’est pas la réparation de l’insulte faite à votre orgueil, du tort fait à votre bonheur que vous irez chercher là-bas ; c’est le salut de votre mari et de votre sœur, que vous