Page:Bosquet - Une femme bien elevee.pdf/32

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de ceux mêmes dont l’esprit n’est point soumis aux dogmes du christianisme. Sur plusieurs points, il s’était réservé le libre arbitre de la décision. Il avait, dans ces cas particuliers, pour le préserver de l’erreur, non-seulement les lumières d’une grande intelligence, mais un sentiment de haute probité qui ne l’abandonnait jamais. Il était de ces êtres rares qui, quoique n’ignorant pas la lutte, sont tout entiers dans le bien ou le mal qu’ils accomplissent, parce que l’impulsion ne peut être déterminée chez eux que par l’accord de toutes leurs facultés. Cette force intérieure de caractère, fruit de l’organisation et non d’une conception systématique, ne lui donnait aucune apparence de rigidité. Elle s’alliait d’ailleurs à une tendresse caressante qui avait été sa plus grande séduction auprès des femmes. De même, ce qu’Adrienne eût appelé son incrédulité philosophique était accompagné d’une disposition religieuse de l’âme qui ôtait toute sécheresse à sa pensée et prêtait souvent de l’éloquence à son expression.

Félicien examina d’abord Cécile avec plus d’attention qu’il ne l’avait fait jusqu’alors, ayant maintenant l’esprit dégagé des préoccupations