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de toute sorte qui assaillent l’heureux infortuné qui est placé entre sa fiancée et sa belle-mère.

Cécile venait de voir s’accomplir sa trentième année. C’était une jolie femme dans toute l’acception du mot : elle avait de la jeunesse, de la grâce, un embonpoint modeste, un éclat suave. Dans son regard régnait la douceur attendrie des femmes qui s’avancent vers leur automne et qui sont disposées à faire le sacrifice de leur orgueil à l’amour. Enfin, elle était de celles qui ne trouvent point d’indifférents et dont tous les hommes sont plus ou moins amoureux.

Sa toilette même était une séduction, quoiqu’elle ne fût ni riche ni savante, qu’elle n’exigeât ni de grandes dépenses ni de profondes combinaisons. Cécile ne faisait point de sa personne un étalage de modes, une montre pour les modèles des fournisseurs, mais elle aimait les étoffes légères ou soyeuses, les couleurs tendres et même un peu effacées, et les dessins délicats. Elle avait aussi l’art de montrer un bras rond sous une manche transparente, un bout d’épaule sous la guimpe ou le fichu ; de nouer un ruban autour de sa taille, d’une telle façon que les yeux ne s’en pouvaient plus