Page:Bosquet - Une femme bien elevee.pdf/323

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chable ; mais je ne t’en aimerai pas moins quand tu seras une charmante vieille… Assieds-toi… As-tu été reprise de tes frayeurs ?

— Oui, tout à l’heure… en entrant… J’ai peur de te perdre… ne me quitte plus !…

Elle était assise, et lui à genoux sur le coussin devant elle. Il entourait sa taille de ses bras, et l’attirait vers lui.

— Ah ! c’est ainsi que j’aime t’embrasser, disait-il.

Mais avant que leurs lèvres se fussent touchées, un cri foudroyant, inouï, plein de menace et de douleur, les arrêta.

Félicien, qui avait reconnu la voix, se précipita dans le cabinet. Il en rapporta Adrienne pâmée, raidie, sanglotante. Tout aux soins qu’elle réclamait, il lui baigna les tempes, ouvrit sa robe pour faciliter sa respiration oppressée. Cécile était oubliée. Quand elle essaya de venir à son aide, il lui fit signe doucement de se dissimuler. Un instant, en effet, Adrienne ouvrit les yeux, saisit la main de son mari, en s’écriant avec délire :

— Ne me quitte plus ! ne me quitte plus !

Ces paroles, dont elle n’avait pas conscience, étaient certainement une évocation de sa mé-