Page:Bosquet - Une femme bien elevee.pdf/322

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grand étonnement d’Adrienne, il s’empressa de faire des préparatifs de réception, avec le zèle et l’humilité d’une simple ménagère. Il mit des allumettes sous le bois qui était disposé dans le foyer : il tira d’un placard des gâteaux, du vin, des fruits, et les plaça sur la table ; il approcha un fauteuil de la cheminée et un coussin du fauteuil.

Adrienne, de plus en plus stupéfaite, ne concevait pas que tous ces soins ne fussent point à son intention. Son imagination ne s’était pas portée sur ces détails, ni même sur d’autres plus graves et plus blessants pour elle. Elle savait qu’elle venait pour pardonner un outrage, pour surprendre son mari à un rendez-vous : mais avec l’inexpérience ou la réserve habituelle de sa pensée, elle ne s’était même pas demandé ce que c’était qu’un rendez-vous.

Tout à coup elle vit Cécile. Celle-ci était entrée si doucement, qu’on n’avait pas même entendu le mouvement de la porte. Elle était debout, Félicien lui ôtait son chapeau.

— Tu as de la neige sur le front, lui dit-il.

— Ce n’est pas la neige des ans ? reprit-elle avec un sourire.

— Non, tes cheveux sont d’un noir irrépro-