Page:Bosquet - Une femme bien elevee.pdf/325

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dont la santé était ébranlée depuis quelque temps par ses préoccupations chagrines, tomba malade : une fièvre typhoïde se déclara. Félicien veilla lui-même sur sa femme, et il demeura attaché à son chevet avec d’autant plus de persévérance, qu’au milieu de son délire elle ne cessait de prononcer son nom et de l’appeler près d’elle avec toutes sortes de supplications plaintives. Quand elle ne le reconnaissait pas, ou qu’il s’était écarté pour prendre du repos, elle avait de grands accès de larmes que l’on avait beaucoup de peine à calmer. Cette maladie dura près de trois mois et la convalescence fut plus longue encore. La raison délirante et affaiblie d’Adrienne avait besoin alors d’être apaisée et soutenue à chaque instant. Félicien s’entendait merveilleusement à cette tâche ; aussi la malade ne vivait-elle plus que par lui : elle avait conscience de sa faiblesse, et l’appui qu’elle avait rencontré lui était devenu cher. De son côté, il s’ingéniait à lui être agréable : il sut qu’on avait fait chez madame Milbert une distribution de nouvelles médailles ; il en demanda plusieurs pour les lui offrir. À son grand étonnement, elle les repoussa en disant :

— Non, cela vous déplaît.