Page:Bosquet - Une femme bien elevee.pdf/326

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Félicien attribua ce changement à l’incertitude qui régnait encore dans les idées d’Adrienne ; mais, à mesure que son jugement s’affermissait, la transformation qui s’était opérée en elle se marqua d’une manière plus décisive. Elle demeura attachée à la foi de sa jeunesse, mais elle subordonna aux goûts et à la volonté de son mari tout ce qui, dans la pratique, est facultatif et susceptible d’interprétation. Elle le fit même avec une ostentation calculée, dans laquelle il y avait comme une intention de défi et de rancune contre les préjugés qui l’avaient dominée autrefois et qu’elle accusait de l’avoir égarée. C’était une mutinerie qui avait changé d’objet, et Félicien, par amour de l’équité, en réprimait souvent les écarts en souriant.

Rien ne s’opposait plus, en apparence, à l’union des deux époux, mais le sentiment nouveau qui s’était développé dans le cœur de Félicien pour Adrienne, comme une conséquence de la sollicitude paternelle dont il l’avait entourée, n’avait point absorbé son amour pour Cécile. Celle-ci avait quitté Rouen et était retournée avec madame de Nerville à Paris. Félicien lui écrivait, et il aspirait au jour où il