Page:Bosquet - Une femme bien elevee.pdf/34

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détacher. Jamais ses frais n’étaient perdus, et ils ne l’étaient pas non plus ce soir-là pour Félicien, qui la considérait avec une tendre complaisance.

— Vous avez pris une résolution bien grave, chère sœur (vous me le permettez, dit Félicien en s’interrompant, car c’était la première fois qu’il lui donnait ce titre), de vous séparer civilement de votre mari ; avant d’en venir à cette extrémité, avez-vous demandé les conseils de quelques personnes de votre famille ?

— Je n’avais à consulter que M. Milbert, mon père adoptif, et une tante, sœur aînée de ma mère ; non-seulement celle-ci a approuvé ma détermination, mais elle m’offre un asile chez elle. Ainsi, je ne resterai point isolée ; dans quelques jours je quitterai Nancy, pour aller la rejoindre à Paris, où elle demeure.

— Vous allez quitter Nancy, dont vous paraissiez tantôt nous faire les honneurs avec tant de plaisir ?

— Oui, et je le quitterai sans regret ! Vous disiez que cette ville, à cause de la magnificence théâtrale de ses monuments et de la solitude de ses larges rues, ressemble à la fois à un palais abandonné et à un monastère. Mais