Page:Bosquet - Une femme bien elevee.pdf/57

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qu’un des prudents avait, comme lui, une prédilection pour les sciences naturelles, et ils s’étaient trouvés entraînés à causer ensemble d’un livre sur les générations spontanées, œuvre d’un Rouennais, et qui faisait grand bruit dans le monde savant. Un des obtus, qui, depuis une demi-heure, écoutait la conversation sans pouvoir y mordre, s’était enfin avisé qu’il s’agissait de recherches sur la formation des êtres.

— Quel est le savant assez absurde, s’était-il écrié, pour s’occuper de pareilles questions ? Si je le connaissais, je le renverrais à un de mes fermiers, brave homme qui n’a pas d’éducation, mais, ce qui vaut mieux, des principes religieux et de l’esprit naturel. Savez-vous ce qu’il réplique aux athées, quand il en rencontre : Qu’est-ce qui a fait la poule, monsieur ? leur dit-il. C’est l’œuf. Et qu’est-ce qui a fait l’œuf ? C’est la poule. Et après, c’est à recommencer ; vous ne pouvez pas sortir de là ! Vous voyez bien que c’est le bon Dieu qui a fait l’œuf ou la poule, n’importe lequel il lui a plu de créer avant l’autre.

Félicien fit un signe d’assentiment et ne répondit point ; mais un des profonds, qui vit