Page:Bosquet - Une femme bien elevee.pdf/58

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bien qu’il esquivait la discussion, ne voulut point qu’il en fût quitte à si bon compte.

— Me permettez-vous, dit-il en le regardant avec une raillerie contenue, d’ajouter un petit conseil aux observations que monsieur vous faisait tout à l’heure ? C’est, lorsqu’on n’est pas le partisan de tels livres, et je suis persuadé que c’est votre cas, de ne point les discuter. Le plus sûr moyen, croyez-moi, d’en arrêter le scandale et de punir leurs auteurs, c’est de les laisser tomber dans l’oubli.

Félicien répliqua vivement que de tels livres avaient leur raison d’être, quelle que fût d’ailleurs la valeur des découvertes qu’ils signalaient ; que la science était indépendante dans son domaine ; que ni la philosophie ni la religion elle-même n’avaient le droit de lui imposer des limites, et qu’il était du devoir du vrai savant d’immoler ses croyances les plus chères à la recherche de la vérité :

— Autant dire alors, monsieur, que nous autres médecins (c’était la profession du profond), nous pouvons prendre pour sujets de nos expériences, quand nos animaux domestiques ne nous suffisent pas, notre femme, nos enfants, notre mère…