Page:Bosquet - Une femme bien elevee.pdf/63

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Je n’y étais pas !

— Ah ! vous avez été à une messe basse ?

— Non, madame.

— Alors vous n’allez pas à la messe ? dit-elle en accentuant ses paroles si énergiquement que, sans hausser la voix, elle fut entendue de toutes les parties du salon.

En voyant son mari encore une fois un objet de scandale pour tous les amis de sa mère, Adrienne sentit une nouvelle rougeur lui brûler les oreilles, et quand elle s’en revint après la soirée avec Félicien, elle ne put s’empêcher de lui dire :

— Mon cher ami, je ne vous tourmente jamais pour l’accomplissement de vos devoirs religieux, parce que ce n’est pas dans mon caractère de faire du prosélytisme : je trouve que chacun a dans sa conscience propre une charge assez lourde ; mais, quand ce ne serait que par respect humain, vous devriez aller à la messe.

— Tu veux que j’aille à la messe par respect humain ? Mais j’ai été élevé dans un temps où le respect humain me défendait d’y aller.

— C’était un temps d’erreur ; le bon exemple général aurait dû vous faire changer de conduite.