Page:Bosquet - Une femme bien elevee.pdf/64

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— Je suis sincère : si j’allais à la messe par conviction, je ne m’en cacherais pas ; mais je ne vois pas la nécessité de le faire pour complaire à mon voisin.

— Pour lui complaire, non ; mais pour l’édifier ?

Félicien laissa tomber la discussion ; il abandonnait volontiers la réplique, autant par indifférence que pour laisser à Adrienne le plaisir si cher aux femmes d’avoir le dernier mot.

Il paraît cependant que l’on avait résolu de tenter quelque chose pour attirer le pécheur ; car, obéissant à une consigne secrète, les dames évitèrent désormais de traiter aucune question religieuse en présence de Félicien. Et même les plus tolérantes ou celles qui faisaient profession d’avoir des idées larges mirent, pour l’intéresser, l’entretien sur la littérature. Les jeunes gens leur prêtèrent une aide chevaleresque. Hélas ! ce fut encore une épreuve pour l’infortuné mari d’Adrienne. Il trouva dans ses nouveaux interlocuteurs une ineptie plus difficile à supporter que la mauvaise foi et le scepticisme ; pour eux et pour elles, puisque les dames donnaient le mot, l’art n’avait plus de fascination, l’éloquence d’entraînement, la fantaisie de sé-