Page:Bosquet - Une femme bien elevee.pdf/69

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elle un autre représentant : c’était un neveu de son mari, employé dans leur maison de commerce. La découverte que l’on avait faite de ce vice de famille eût peut-être amené l’éloignement du jeune homme, si sa vie régulière et dévote ne l’eût protégé contre le mécontentement de sa tante. Il était pieux, d’une piété ardente, où il portait tout le feu de ses vingt ans. Mais quelques symptômes annonçaient que d’autres passions moins saintes bouillonnaient aussi dans le puissant amalgame de cette âme brûlante. Plus d’une fois, Félicien avait observé avec curiosité et intérêt cette physionomie parlante et mobile, dont le vif regard s’attachait sur lui quand il exprimait certaines pensées qui dépassaient la région monotone où s’ébattaient les hôtes de madame Milbert. Souvent aussi il l’avait vu, comme enivré d’admiration, s’abîmer dans la contemplation des charmes d’Adrienne ; puis tout à coup, réveillé en sursaut de son extase, tressaillir et détourner la tête en secouant sa longue chevelure noire avec un mouvement d’archange qui reprend son vol. Au reste, ces tressaillements étaient devenus si habituels au jeune homme qu’ils constituaient une espèce de tic. Félicien