Page:Bosquet - Une femme bien elevee.pdf/70

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

y avait reconnu l’indice d’une répression intérieure plus violente, mais non moins absolue, que celle qui tenait dans l’inanité les douces jeunes femmes objets de sa compassion.

Ainsi Félicien ne rencontrait chez madame Milbert que des êtres hostiles ou dont la sympathie incertaine et mêlée d’appréhension ne pouvait être que stérile. Cette circonstance, en apparence insignifiante, eut une influence considérable sur la destinée des deux époux.

Tous, tant que nous sommes, nous supportons encore avec résignation le poids du jour et de la chaleur, pourvu que nous soyons assurés d’un moment de renouvellement de nos forces, dû au repos ou à la distraction. Chez les uns, l’activité du courage et l’effort de la patience pourront durer des heures ; chez les autres, des journées, des semaines, des mois même ; mais il faudra que, tôt ou tard, la rigide vertu du travail abdique pendant quelque temps dans la mollesse du far niente ou dans l’étourdissement du plaisir. La pauvre machine humaine ne peut se passer de relâche. Ceux qui volontairement ou par contrainte ne font point cette concession à leur faiblesse marchent inévitablement à une catastrophe. Un jour