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toujours été prompt et facile ; le mal n’avait eu que de courts accès. Le lendemain ou seulement quelques heures plus tard, il s’en était allé cherchant la consolation au hasard des aventures. Bien souvent, sans doute, il n’avait fait que d’insipides rencontres ; mais s’il avait eu un moment de curiosité, c’était assez pour dissiper les sombres vapeurs. Sa nature, d’ailleurs, éminemment sympathique et indulgente, — ce qui fermait son âme, c’était la froideur du convenu et l’absence de sincérité, — le rendait propre à découvrir le trésor d’un sentiment vrai où d’autres n’eussent trouvé que le fumier de l’abjection.

Félicien se souvenait aussi maintenant d’avoir recueilli quelquefois sur des lèvres impures un de ces cris profonds de l’âme qui se répercutent dans l’infini du sentiment et de la pensée, comme si l’être qui est tout à tous était appelé à percevoir des révélations plus douloureuses, mais plus étendues que celles du reste des mortels, même quand cette communication s’accomplit dans un ministère honteux et dégradant.

En y songeant, il se demandait avec découragement, même avec épouvante, pourquoi ces