Page:Bosquet - Une femme bien elevee.pdf/71

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viendra où ils feront une halte forcée dans la maladie, le vice, le crime, la folie, le désespoir, ou, tout au moins, tomberont-ils dans une dureté de cœur qui les séparera du reste de leurs semblables.

Avec son goût pour les sciences et la littérature, et les soins que réclamait l’administration de sa fortune, — l’intendant étant un luxe très-rare actuellement, — Félicien avait une somme suffisante d’études et d’affaires pour occuper les six jours de la semaine. Mais le dimanche, le vol des lourdes rêveries s’abattait sur son front : ces moments d’affaissement et d’ennui, il les avait connus déjà. Ils s’étaient rencontrés plus d’une fois dans sa vie de célibataire, quand une déception, une colère, un dégoût l’avait tenu enfermé chez lui à l’heure où les théâtres s’illuminent, où les concerts épanouissent leurs harmonies dans les airs, où les restaurants renvoient leurs hôtes tout empourprés des béatitudes de la digestion, où, dans la foule qui s’agite sur les promenades, s’échappent des frémissements de joie et des murmures amoureux. Il avait encore reçu leur visite maussade dans quelque vilaine et triste petite ville, en un hôtel désert, en pays étranger. Mais le remède avait