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appellent la favorite d’un roi sa maîtresse. Elle s’était imbue sans difficulté de ces préventions. Élève docile, douée d’une mémoire heureuse, d’un jugement sain dans tout ce qui ne dépassait pas une limite vulgaire, elle avait été l’orgueil de sa mère et du pensionnat.

Au reste, c’était avec un désintéressement complet qu’elle s’était donné toute cette peine : la pensée ne lui était jamais venue que ce qu’elle apprenait pût avoir plus tard une application dans sa vie. Comme la curiosité de son intelligence n’avait point été éveillée, lorsqu’elle fut livrée à elle-même, elle ne se préoccupa ni d’étendre son savoir ni de le conserver ; sans chercher à l’oublier non plus, elle garda soigneusement ses scrupules, qui s’accommodaient avec l’indifférence de son esprit.

Sa confiance ayant été donnée à ceux qui avaient dirigé son éducation, sa soumission ayant déjà pris une certaine forme, il est facile de comprendre que Félicien n’obtînt aucun ascendant sur elle. Si elle eût été ignorante, elle se fût montrée humble pour n’être pas humiliée ; mais elle n’avait pas besoin de leçons : elle savait !

Guéri de la tentation du tête-à-tête, Félicien,