Page:Bosquet - Une femme bien elevee.pdf/91

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— Je n’y assisterai point : nous irons pour la Dame blanche, à neuf heures… Vous paraissez contrarié ; mais je vous assure, mon ami, que ce n’est ni par scrupule ni par pruderie que je refuse de voir cette pièce ; ce n’est même pas par crainte de donner un mauvais exemple : c’est par respect humain, pour moi et pour vous. Savez-vous qu’elle est très-libre, à ce que j’ai entendu dire ? On serait surpris certainement de m’y voir, mais on ne s’étonnerait pas moins que vous m’y conduisiez.

— Que me dis-tu là ? Elle est gaie, voilà tout. Tu n’es plus une jeune fille : est-ce qu’il y a de l’impudeur pour une honnête femme à rire en compagnie de son mari ? Je ne m’étonne plus si les pauvres directeurs de théâtres font de si mauvaises affaires : quand il faut ménager tant de délicatesses ! Il n’y a que les théâtres secondaires qui puissent réussir, parce que le peuple n’y fait pas tant de façons : il rit quand on l’amuse ; il pleure quand on l’attendrit, sans se douter seulement qu’il y ait là-dedans un cas de conscience.

Adrienne ne se laissa pas persuader ; ils attendirent l’heure à laquelle on devait commencer la Dame blanche. Heureusement, cette