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Page:Bossard - Gilles de Rais dit Barbe-Bleue, 1886.djvu/105

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GILLES DE RAIS.

Dans les conditions où les mettait la mauvaise volonté de Jean V, ses parents et ses amis ne pouvaient répondre à la ruse que par la violence. Comme ils désespéraient de jamais conserver leur fortune autrement que par les armes, ils se jetèrent résolument dans les principales places que Gilles tenait encore, et particulièrement dans les deux forteresses de Machecoul et de Champtocé. La nouvelle de ce coup de main porta la colère et l’indignation du maréchal à leur comble ; toutefois son emportement fut moindre que sa peur : ces murs, qui n’étaient plus en son pouvoir, renfermaient tant et de si terribles secrets, que, lui en dut-il coûter la vie, il résolut de les reprendre par la force.

Mais avant d’entrer dans le récit de ces événements, il convient de parler un peu plus au long de deux passions de Gilles de Rais, que l’on doit ranger parmi les principales causes de sa ruine. L’une, plus noble, mais non la moins funeste, fut son goût pour les représentations théâtrales ; l’autre, plus curieuse peut-être, plus chimérique, lui fit poursuivre, par tous les moyens permis et défendus, cet or, qui était l’objet de toutes ses convoitises, et le poussa aux pratiques fallacieuses de l’alchimie et aux crimes infâmes de la magie noire.