ville, il y était resté près d’une année entière après 1430 ; Orléans avait été le théâtre de ses plus grandes folies ; grand nombre de bourgeois étaient ses créanciers ; les marchands s’étaient partagé ses plus riches dépouilles ; les seigneurs avaient acquis ses meilleures terres ; la ville elle-
AMBROISE DE LORÉ.
Vous avez très bien devisé,
À Checy, nous y fault aller ;
Et est à vous bien advisé :
Vous ne pourriez mieulx conseiller.
Si n’en conviendra point parler
À la Pucelle nullement ;
Si non que on la veult mener
Droit à Orleans, tant seullement *.
(* Vers 11471 et suivants.)
Cette résolution prise, Jean de Metz demande s’il est temps d’avertir la Pucelle ; Gilles est tout disposé à partir :
Je suis prest aussi, par mon ame,
À aller quant elle vouldra.
Dame, se il vous plaist partir.
Voicy en point trestouz voz gens,
Pour vostre vouloir acomplir
À vous convoyer à Orleans.
LA PUCELLE.
En mon Dieu, croy que il est tant
Et avons beaucoup demeuré,
Que, ainsi comme je l’entend,
Orleans a beaucoup enduré.
Or, mes amys, je vous diray
Cy, avant mon deppartement,
Et en bref vous remonstreray
Par maniere d’enseignement :
Si est, que à tous je command
Devotement vous confesser,
Et que aussi finablement
Vos folles fammes delessez.
Ne jurez plus Dieu ne sa mere ;
Ne renyez, ni maugreez
Saints ni saintes, pour nul affaire
Ne quelque chose que ayez.
Delessez tout sans delayer
Vos vices très deraisonnables,
Et aymez Dieu et le priez ;
Tous voz faiz seront prouffitables ;