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LES COUPABLES.

trouva avoir été bien choisi et « bel comme ung ange. » La pauvre mère, séduite par l’avenir brillant qu’on réserve à son fils, le lui abandonne ; mais elle le perd, sans que jamais, depuis lors, elle puisse rencontrer Poitou pour lui en demander des nouvelles : quant aux gens du maréchal qu’elle interroge,

    de très nombreuses écoles, dans les villes et jusque dans les bourgs de médiocre importance. M. A. Dupuy (les Écoles de Bretagne au XVe siècle, Bulletin de la Société académique de Brest, 2e Série, t. V, 1877-1878) a fait quelques recherches curieuses sur ce sujet. Il a observé que chaque diocèse avait une haute école ecclésiastique, et chaque localité habituellement une école paroissiale. « Les illettrés sont rares, dit un autre écrivain, dans la noblesse, la bourgeoisie et parmi les paysans qui possèdent quelque aisance. » (M. Léon Maître, Archiv. de la Loire-Inférieure ; L’Université de Nantes, ses origines ; Revue de Bretagne et de Vendée, juin 1876.) L’histoire de Gilles de Rais confirme ces observations. Parmi les jeunes enfants enlevés par ses complices, au dire des témoins, il y en avait beaucoup qui allaient à l’école. C’est le fils de Perrine Loessart, de la Roche-Bernard, âgé de dix ans « alant à l’escole. » À Poitou qui le demande pour en faire un page, la mère répond qu’elle ne peut l’ôter de l’école, où il apprend fort bien, et elle ne permet de l’emmener, que sur la promesse expresse qu’il continuera d’aller à l’école. (Enq. civ. du 18 sept. 1440, p. cxvii, cxviii.) — C’est le fils de Jeanne Édelin, âgé de huit ans, de Machecoul, « allent à l’escolle » de cette ville (Enq. civ. des 28, 29, 30 sept. 1440, P. CXXV). — C’est encore le jeune Régnaud Donete, âgé de douze ans, de la paroisse de Notre-Dame de Nantes, « qui alloit à l’escolle. » (Enq. civ., 4 oct. du 1440 ; p. CXXXII.) C’est enfin pour mettre un terme à cette énumération, le jeune Jean Hubert, de la paroisse de Saint-Léonard de Nantes, âgé de quatorze ans, « allant à l’escolle. » (Enq. civ. p. CXXXII.) En un mot, la plupart de ceux qui ne mendient pas leur pain, suivent l’école. On sait, par ailleurs, que la collégiale fondée par Gilles lui-même à Machecoul, avait un « maistre d’escholle, » chargé de faire l’instruction des enfants de sa chapelle. Il en était ainsi dans toutes les collégiales et dans la plupart des monastères et des prieurés. Dans les Procédures politiques du règne de Louis XII, publiées en 1884 par M. R. de Maulde, dans la Collection des Documents inédits de l’Histoire de France, je remarque de nouvelles preuves que la Bretagne, au xve siècle, à l’époque même où nous sommes, était abondamment pourvue d’établissements scolaires, et que l’on y étudiait avec beaucoup d’ardeur. J’en citerai deux exemples. À la page 410 (déposition de François le Saux, conseiller des comptes), il est dit qu’à l’âge de huit ans, à Vannes, il allait à l’école « entre les clercs et enfans d’icelle » ; et qu’il fut ensuite envoyé aux « escolles, à Sainct Pol de Léon » (p. 411), puis à l’Université de Paris, d’où il semble que Saint-Pol-de-Léon possédait des établissements qui rappellent nos écoles d’instruction secondaire. Un autre breton, Guillaume de Forest, devenu plus tard secrétaire du roi Louis XII et de la reine Anne, dépose (p. 402) qu’à l’âge de huit ans il allait à l’école. D’après l’âge de ces deux témoins, il faut rapporter ces faits vers l’année 1440. Il ressort même de leurs dépositions, que, pas plus alors qu’aujourd’hui, les enfants ne demeuraient étrangers aux événements politiques et qu’ils se passionnaient pour tout ce qui touchait à la patrie.