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VIII


DERNIERS EXCÈS DE GILLES DE RAIS. — SON ARRESTATION.

Au milieu de cette vie de plaisirs et de crimes, tout à coup un événement grave vint troubler la sécurité de Gilles. Un de ses amis intimes, Eustache Blanchet, quitta subitement le château de Tiffauges, emportant dans son cœur, sinon des secrets compromettants, du moins de graves soupçons. De tous les familiers du maréchal, il semble que Blanchet ait été l’un des moins criminels. S’il trempa, en effet, jusqu’à certain point dans les pratiques occultes de la magie, il n’eut jamais ni ces impudences ni ces cruautés, qui marquèrent la perversité et la débauche de Gilles et de ses autres complices. La vie secrète de son maître, à ses yeux, se réduisait à des actions plus ou moins condamnées par la raison et par la foi : il n’osait aller plus loin dans ses affirmations.

Blanchet était né au diocèse de Saint-Malo, dans la paroisse de Saint-Éloi-de-Montauban. Élevé au sacerdoce, ce fut sans doute sur les prières de Gilles de Rais qu’il vint s’établir au château de Tiffauges, où son caractère lui devait donner une place toute marquée dans le chapitre du maréchal. C’était le jour de l’Ascension 1438. Quelques mois après, il annonça au baron de Rais qu’il allait être obligé de le quitter pour aller en Italie, où l’appelait le soin d’affaires graves et particulières. À cette nouvelle, Gilles fut d’abord vivement contrarié ; mais, se ravisant bientôt à la