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GILLES DE RAIS.

cette cause célèbre portent en eux les caractères d’authenticité et de vérité qu’on est en droit d’attendre de la justice. On doit donc en recevoir tous les renseignements sans défiance et sans prévention, avec une foi entière ; car, ainsi que l’a dit un ancien, « si la prévention n’y voit guères, l’aversion n’y voit goutte. » Le procès du maréchal de Rais est en toutes choses le contre-pied de celui de Jeanne d’Arc. Tous deux composent les procédures des deux plus célèbres causes du moyen âge et peut-être aussi des temps modernes ; mais celui de Jeanne d’Arc fut une œuvre de passion et de mensonge, l’œuvre d’un parti haineux, longtemps vainqueur, qui se vengeait enfin cruellement de ses défaites[1] ; celui de Gilles de Rais, le compagnon d’armes de la Pucelle, fut une œuvre de calme, de vérité, l’œuvre du parti de la justice au service de la faiblesse, qui se vengeait enfin de ses souffrances et de ses larmes.




  1. Voyez le second volume de l’Histoire de Jeanne d’Arc, de M. Wallon et surtout les pages 338 et suivantes.