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GILLES DE RAIS.

lation et sur la coutume, soit collectivement par l’évèque de Nantes et l’inquisiteur, soit séparément, par chacun d’eux, à l’encontre de tous les crimes qui relèvent de leur tribunal (art. VII) ; ni le droit non moins incontestable de Guillaume Mérici de déléguer quelque religieux de son ordre pour l’aider dans l’exercice de sa charge (art. VIII). Après avoir ainsi posé, pour ainsi dire, sur le roc les droits de l’évêque et de l’inquisiteur sur toute l’étendue du diocèse de Nantes, le promoteur passe aux preuves qui font que l’accusé est et demeure responsable de ses actes devant leur tribunal. Gilles de Rais, en effet, est né dans la paroisse de la Trinité de Machecoul, au diocèse de Nantes (art. IX), et, par conséquent, il est soumis à l’autorité judiciaire de l’évêque de son diocèse pour les crimes dont on l’accuse (art. X) ; le château de Machecoul et celui de Saint-Étienne-de-Mer-Morte sont situés dans les limites de deux paroisses, dont les habitants relèvent pour la justice de l’évêque de Nantes et de l’inquisiteur de France (art. XI) ; enfin, et pour compléter ces preuves, sur lesquelles sont établis et les droits de l’évêque et de l’inquisiteur et le devoir de Gilles de reconnaître leur juridiction et de s’y soumettre, dans les articles suivants (art. XII et XIII), le promoteur prouve que Jean Blouyn a été délégué comme vice-inquisiteur par Guillaume Mérici, et que les pouvoirs nécessaires lui ont été conférés par les lettres du grand inquisiteur, en date du 26 juillet 1426 (art. XII) ; il démontre d’ailleurs que, du consentement de tous, ce religieux est propre à bien remplir tous les devoirs de sa charge (art. XIII) ; enfin, se résumant en quelques mots, l’accusateur public couronne cet exposé en affirmant hautement que toutes les choses qu’il vient d’exposer sont « vraies, notoires, manifestes, connues de tous et de chacun » (art. XIV).

Suit immédiatement l’énoncé des faits les plus graves, les crimes commis sur les enfants. Toutes les preuves qui les appuient et qui ont amené l’instruction de la cause, y sont énumérées, et il semble que la voix de l’accusateur public, jusque-là froide et sèche, s’émeut, s’échauffe et s’humecte,