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Page:Bossard - Gilles de Rais dit Barbe-Bleue, 1886.djvu/306

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L’ACCUSATION.

vanitatem et quæritis mendacium[1] ? » Et voilà cependant que Gilles de Rais, sanctifié par les deux sacrements de baptême et de confirmation, qu’il a reçus en signe de vrai chrétien ; après avoir, en les recevant, renoncé au démon, à ses pompes et à ses œuvres ; après avoir confessé et embrassé fermement la foi catholique et l’Église, une, sainte et apostolique ; après les avoir, dis-je, confessées et embrassées pendant quelque temps, voilà que Gilles de Rais s’est livré à toutes les pratiques des évocateurs des démons ! » Sur ces paroles, qui résumaient éloquemment la pernicieuse ambition, principe de tous les crimes de Gilles de Rais, le promoteur spécifie les lieux divers où se firent ces évocations coupables, et la salle basse du château de Tiffauges, et les bois avoisinants qui furent les témoins de sacrilèges tentatives, et le temps que durèrent ces évocations, et les complices de Gilles : l’italien Prélati et le lombard Antoine de Palerne ; et les signes, les cercles, les caractères cabalistiques tracés sur le sol, et le nom des démons invoqués : Barron, Orient, Beelzebuth et Bélial ; et l’encens, la myrrhe, l’aloès, et les divers autres parfums ; et les cierges allumés en leur honneur, les génuflexions, les adorations, les sacrifices, les pactes passés entre les démons et Gilles ; et les espérances qu’il mettait en leur secours pour obtenir science, puissance et richesse (art. XVI). Les pactes avec les démons, leurs conditions (art. XVII), les évocations particulières de Prélati et de Poitou, à quelque distance de Tiffauges, sur la route de Montaigu (art. XVIIII), celle de Josselin (art. XIX), celle de Bourgneuf, dans le couvent des Frères-Mineurs (art. XX), les cédules que Gilles écrivit ; de sa propre main et signa de son propre sang (art. XXI, XXII), tout est énuméré, appuyé sur le bruit public (art. XXIII). Suivent les noms de ses complices dans ces arts magiques et défendus ; les voyages de Gilles de Sillé dans les diverses

  1. Ps. IV, v. 3. Toute la leçon morale, qui se dégage de la vie de Gilles de Rais, est contenue dans ces paroles du promoteur.