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SES PREMIÈRES ARMES.

des États généraux fut touchante : la duchesse de Bretagne y parut entre ses deux enfants, et parla comme plus tard Marie-Thérèse aux États de Hongrie. Des acclamations accueillirent ses paroles ; ce qu’elle avait déjà fait fut approuvé, et chacun promit de lui apporter son secours. Pour sa part, le jeune seigneur de Rais offrit de l’argent et des troupes levées à ses frais. Il fut enfin décidé qu’une ambassade solennelle serait envoyée au roi d’Angleterre au nom d’Alain de Rohan, nommé lieutenant général de Bretagne, de Guy de Laval, cousin de Gilles, et de Jean de Craon, son grand-père, pour le supplier de rendre à la liberté et à la Bretagne le comte de Richemont, dont la présence et le génie devenaient nécessaires au salut de la patrie[1].

Pendant que la rançon du futur connétable de France se négociait en Angleterre, les partisans de la duchesse se préparaient vivement à la guerre, et leurs ennemis à en soutenir le choc. Forts de leurs espérances et trop confiants dans les promesses fallacieuses du dauphin, ceux-ci se portèrent à toutes les voies de fait sur le duc et sur ses alliés. Les terres et les seigneuries du Loroux-Botereau, de Saint-Etienne-de-Mer-Morte, de Machecoul, et toutes celles en général, qui appartenaient à Gilles de Rais et à Jean de Craon dans la Bretagne, furent ravagées par les troupes des Penthièvres. Mais, ni le jeune baron ni le vieux seigneur ne comptaient pour quelque chose ces pertes à la pensée des mauvais traitements infligés au duc prisonnier par Marguerite de Clisson et par ses enfants. Pour faire disparaître ses traces, il n’était ruse que ceux-ci n’employaient : ils le traînaient, durant la nuit, attaché sur un cheval, lui refusant même la nourriture suffisante pour supporter ses fatigues, de forteresse en forteresse, pour le ramener enfin dans son cachot de Champtoceaux, où il était sous une perpétuelle menace de mort.

Durant ces manœuvres, destinées à déjouer les recherches, ni la duchesse de Bretagne, ni ses alliés ne demeuraient

  1. D. Morice, Preuves, t. III, p. 1021.