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Page:Bossert - Essais sur la littérature allemande, Série I, 1905.djvu/94

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les caractères, antique par la noblesse du style et par les belles proportions de l’ensemble.

Goethe quitta Rome le 22 avril 1788, et regagna lentement les Alpes par Florence et Milan. Il lui sembla qu’il partait pour l’exil : l’Italie était devenue sa patrie d’adoption. À Florence, il ajouta quelques scènes au drame de Torquato Tasso, qui l’occupait depuis 1780, et il mit ses regrets dans la bouche du poète italien, qui s’apprêtait aussi à quitter les lieux auxquels toutes ses affections l’attachaient. Torquata Tasso ne fut terminé et publié qu’en 1790; c’est, de toutes les pièces de Goethe, celle qui, par le style, se rapproche le plus d’Iphigénie. Mais, cette fois, la forme antique était appliquée à un sujet moderne, on pourrait dire contemporain, si l’on pense à toutes les allusions dont le drame est rempli. Il n’y a pas plus de cinq personnages, et pour chacun le poète avait un modèle vivant. Alphonse II, duc de Ferrare, c’est Charles-Auguste; sa sœur, Eléonore d’Este, c’est Mme de Stein; la comtesse Sanvitale, c’est la marquise de Branconi, une « merveille de beauté », au dire de Zimmermann, que Goethe avait connue à Lausanne lors de son second voyage en Suisse, en 1779, et qu’il venait de revoir à Weimar. Enfin Tasso et Antonio, le poète et l’homme d’État, représentent les deux côtés de la nature de Goethe, le côté idéal et le côté pratique. « Ils sont ennemis, dit la comtesse dans la seconde scène du troisième acte, parce que