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Page:Bossuet - Discours sur l’Histoire universelle, 1681.djvu/11

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et sa felicité dans le paradis, dont la memoire s’est conservée dans l’age d’or des poëtes ; le précepte divin donné à nos premiers parens ; la malice de l’esprit tentateur, et son apparition sous la forme du serpent ; la chute d’Adam et d’Eve, funeste à toute leur posterité ; le premier homme justement puni dans tous ses enfans, et le genre humain maudit de Dieu ; la premiere promesse de la rédemption, et la victoire future des hommes sur le démon qui les a perdus.

La terre commence à se remplir, et les crimes s’augmentent. Caïn le premier enfant d’Adam et d’Eve, fait voir au monde naissant la premiere action tragique ; et la vertu commence deslors à estre persecutée par le vice. Là paroissent les moeurs contraires des deux freres : l’innocence d’Abel, sa vie pastorale, et ses offrandes agréables ; celles de Caïn rejettées, son avarice, son impieté, son parricide, et la jalousie mere des meurtres ; le chastiment de ce crime ; la conscience du parricide agitée de continuelles frayeurs ; la premiere ville bastie par ce méchant, qui se cherchoit un asile contre la haine et l’horreur du genre humain ; l’invention de quelques arts par ses enfans ; la tyrannie des passions, et la prodigieuse malignité du coeur humain toûjours porté à faire le mal ; la posterité de Seth fidele à Dieu malgré cette dépravation ; le pieux Henoc miraculeusement tiré du monde qui n’estoit