Page:Bossuet - Discours sur l’Histoire universelle, 1681.djvu/12

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pas digne de le posseder ; la distinction des enfans de Dieu d’avec les enfans des hommes, c’est à dire de ceux qui vivoient selon l’esprit d’avec ceux qui vivoient selon la chair ; leur mélange, et la corruption universelle du monde ; la ruine des hommes résoluë par un juste jugement de Dieu ; sa colere dénoncée aux pecheurs par son serviteur Noé ; leur impenitence, et leur endurcissement puni enfin par le deluge ; Noé et sa famille réservez pour la réparation du genre humain.

Voilà ce qui s’est passé en 1656 ans. Tel est le commencement de toutes les histoires, où se découvre la toute-puissance, la sagesse, et la bonté de Dieu : l’innocence heureuse sous sa protection : sa justice à venger les crimes, et en mesme temps sa patience à attendre la conversion des pecheurs : la grandeur et la dignité de l’homme dans sa premiere institution : le genie du genre humain depuis qu’il fut corrompu : le naturel de la jalousie, et les causes secretes des violences et des guerres, c’est à dire, tous les fondemens de la religion et de la morale.

Avec le genre humain, Noé conserva les arts, tant ceux qui servoient de fondement à la vie humaine et que les hommes sçavoient dés leur origine, que ceux qu’ils avoient inventé depuis. Ces premiers arts que les hommes apprirent d’abord, et apparemment de leur