Aller au contenu

Page:Bossuet - Discours sur l’Histoire universelle, 1681.djvu/157

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

souvent il ne s’agit que de peu d’années. La chronologie contentieuse qui s’arreste scrupuleusement à ces minuties a son usage sans doute ; mais elle n’est pas vostre objet, et sert peu à éclairer l’esprit d’un grand prince. Je n’ay point voulu rafiner sur cette discussion des temps ; et parmi les calculs déja faits, j’ay suivi celuy qui m’a paru le plus vray-semblable, sans m’engager à le garantir.

Que dans la supputation qu’on fait des années depuis le temps de la création jusqu’à Abraham il faille suivre les septante qui font le monde plus vieux, ou l’hebreu qui le fait plus jeune de plusieurs siécles : encore que l’autorité de l’original hebreu semble devoir l’emporter, c’est une chose si indifferente en elle-mesme, que l’eglise qui a suivi avec saint Jerosme la supputation de l’hebreu dans nostre vulgate, à laissé celle des septante dans son martyrologe. En effet, qu’importe à l’histoire de diminuer, ou de multiplier des siecles vuides, où aussi-bien l’on n’a rien à raconter ? N’est-ce pas assez que les temps où les dates sont importantes ayent des caracteres fixes, et que la distribution en soit appuyée sur des fondemens certains ? Et quand mesme dans ces temps il y auroit de la dispute pour quelques années, ce ne seroit presque jamais un embarras. Par exemple, qu’il faille mettre de quelques années plûtost ou plus tard, ou la fondation de Rome, ou la naissance de Jesus-Christ :