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Page:Bossuet - Discours sur l’Histoire universelle, 1681.djvu/159

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Seconde partie de ce discours.

La suite de la Religion.


I.

La Création & les premiers temps.


Sur tout, la religion et la suite du peuple de Dieu considerée de cette sorte, est le plus grand et le plus utile de tous les objets qu’on puisse proposer aux hommes. Il est beau de se remettre devant les yeux les estats differens du peuple de Dieu sous la loy de nature et sous les patriarches ; sous Moïse et sous la loy écrite ; sous David et sous les prophetes ; depuis le retour de la captivité jusqu’à Jesus-Christ ; et enfin sous Jesus-Christ mesme, c’est à dire sous la loy de grace et sous l’evangile : dans les siécles qui ont attendu le messie, et dans ceux où il a paru ; dans ceux où le culte de Dieu a esté réduit à un seul peuple, et dans ceux où conformément aux anciennes propheties il a esté répandu par toute la terre ; dans ceux enfin où les hommes encore infirmes et grossiers, ont eû besoin d’estre soustenus par des récompenses et des chastimens temporels, et dans ceux où les fideles mieux instruits ne doivent plus vivre que par la foy, attachez aux biens éternels, et souffrant, dans l’esperance de les posseder, tous les maux qui peuvent exercer leur patience. Asseûrément, monseigneur, on ne peut rien concevoir qui soit plus digne de Dieu, que de s’estre premierement choisi un peuple qui fust un exemple palpable de son éternelle providence ; un peuple dont la bonne ou la mauvaise fortune dépendist de la pieté, et dont l’estat rendist témoignage à la sagesse et à la justice