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Page:Bossuet - Discours sur l’Histoire universelle, 1681.djvu/162

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ayent jamais esté capables, je ne dis pas de l’éteindre, mais de l’alterer ? Si maintenant nous venons à considerer quelle idée cette religion dont nous réverons l’antiquité nous donne de son objet, c’est à dire du premier estre, nous avoûërons qu’elle est au dessus de toutes les pensées humaines, et digne d’estre regardée comme venuë de Dieu mesme. Le Dieu qu’ont toûjours servi les hebreux et les chrestiens n’a rien de commun avec les divinitez pleines d’imperfection, et mesme de vice, que le reste du monde adoroit. Nostre Dieu est un, infini, parfait, seul digne de venger les crimes et de couronner la vertu, parce qu’il est seul la sainteté mesme.

Il est infiniment au dessus de cette cause premiere, et de ce premier moteur que les philosophes ont connu, sans toutefois l’adorer. Ceux d’entre eux qui ont esté le plus loin, nous ont proposé un Dieu, qui trouvant une matiere éternelle et existente par elle-mesme aussi-bien que luy, l’a mise en oeuvre, et l’a façonnée comme un artisan vulgaire, contraint dans son ouvrage par cette matiere et par ses dispositions qu’il n’a pas faites ; sans jamais pouvoir comprendre que si la matiére est d’elle-mesme, elle n’a pas deû attendre sa perfection d’une main étrangere, et que si Dieu est infini et parfait, il n’a eû besoin, pour faire tout ce qu’il vouloit, que de luy-mesme et de sa volonté toute-puissante. Mais le Dieu