Page:Bossuet - Discours sur l’Histoire universelle, 1681.djvu/166

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Ce n’est plus cette parole imperieuse et dominante ; c’est une parole plus douce, quoy-que non moins efficace. Dieu tient conseil en luy-mesme ; Dieu s’excite luy-mesme comme pour nous faire voir que l’ouvrage qu’il va entreprendre surpasse tous les ouvrages qu’il avoit faits jusqu’alors.

faisons l’homme. Dieu parle en luy-mesme ; il parle à quelqu’un qui fait comme luy, à quelqu’un dont l’homme est la créature et l’image : il parle à un autre luy-mesme ; il parle à celuy par qui toutes choses ont esté faites, à celuy qui dit dans son evangile, tout ce que le pere fait, le fils le fait semblablement . En parlant à son fils, ou avec son fils, il parle en mesme temps avec l’esprit tout-puissant, égal et coéternel à l’un et à l’autre.

C’est une chose inoûïe dans tout le langage de l’ecriture, qu’un autre que Dieu ait parlé de luy-mesme en nombre pluriel ; faisons . Dieu mesme dans l’ecriture, ne parle ainsi que deux ou trois fois, et ce langage extraordinaire commence à paroistre lors qu’il s’agit de créer l’homme. Quand Dieu change de langage et en quelque façon de conduite, ce n’est pas qu’il change