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Page:Bossuet - Discours sur l’Histoire universelle, 1681.djvu/179

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et qui l’astreint à certaines loix que luy-mesme ne peut violer. Moïse et nos anciens peres dont Moïse a recuëilli les traditions nous donnent d’autres pensées. Le Dieu qu’il nous a montré a bien une autre puissance : il peut faire et défaire ainsi qu’il luy plaist ; il donne des loix à la nature, et les renverse quand il veut.

Si pour se faire connoistre dans le temps que la pluspart des hommes l’avoient oublié, il a fait des miracles étonnans, et a forcé la nature à sortir de ses loix les plus constantes, il a continué par là à montrer qu’il en estoit le maistre absolu, et que sa volonté est le seul lien qui entretient l’ordre du monde.

C’est justement ce que les hommes avoient oublié : la stabilité d’un si bel ordre ne servoit plus qu’à leur persuader que cét ordre avoit toûjours esté, et qu’il estoit de soy-mesme ; par où ils estoient portez à adorer ou le monde en général, ou les astres, les elemens, et enfin tous ces grands corps qui le composent. Dieu donc a témoigné au genre humain une bonté digne de luy, en renversant dans des occasions éclatantes cét ordre qui non seulement ne les frapoit plus parce qu’ils y estoient accoustumez, mais encore qui les portoit, tant ils estoient aveuglez, à imaginer hors de Dieu l’éternité et l’indépendance.

L’histoire du peuple de Dieu attestée par sa