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Page:Bossuet - Discours sur l’Histoire universelle, 1681.djvu/187

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effet estoit de marquer que ce saint homme appartenoit à Dieu avec toute sa famille. Abraham estoit sans enfans quand Dieu commença à benir sa race. Dieu le laissa plusieurs années sans luy en donner. Aprés il eût Ismaël, qui devoit estre pere d’un grand peuple, mais non pas de ce peuple éleû tant promis à Abraham. Le pere du peuple éleû devoit sortir de luy et de sa femme Sara qui estoit sterile. Enfin treize ans aprés Ismaël, il vint cét enfant tant desiré : il fut nommé Isaac, c’est à dire ris , enfant de joye, enfant de miracle, enfant de promesse, qui marque par sa naissance que les vrais enfans de Dieu naissent de la grace. Il estoit déja grand ce benit enfant, et dans un âge où son pere pouvoit esperer d’en avoir d’autres enfans, quand tout à coup Dieu luy commanda de l’immoler. A quelles épreuves la foy est-elle exposée ? Abraham mena Isaac à la montagne que Dieu luy avoit montrée, et il alloit sacrifier ce fils en qui seul Dieu luy promettoit de le rendre pere et de son peuple et du messie. Isaac presentoit le sein à l’épée que son pere tenoit toute preste à fraper. Dieu content de l’obéïssance du pere et du fils, n’en demande pas davantage. Aprés que ces deux grands hommes ont donné au monde une image si vive et si belle de l’oblation volontaire de Jesus-Christ, et qu’ils ont gousté en esprit les amertumes de sa croix, ils sont jugez vraiment dignes d’estre ses