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Page:Bossuet - Discours sur l’Histoire universelle, 1681.djvu/209

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tous les peuples du monde ; et aucun legislateur n’a jamais eû un si grand nom parmi les hommes. On tient qu’il a écrit le livre de Job. La sublimité des pensées, et la majesté du stile rendent cette histoire digne de Moïse. De peur que les hebreux ne s’enorgueïllissent, en s’attribuant à eux seuls la grace de Dieu ; il estoit bon de leur faire entendre que ce grand Dieu avoit ses eleûs, mesme dans la race d’Esaü. Quelle doctrine estoit plus importante ? Et quel entretien plus utile pouvoit donner Moïse au peuple affligé dans le desert, que celuy de la patience de Job, qui livré entre les mains de Satan pour estre exercé par toute sorte de peines, se voit privé de ses biens, de ses enfans, et de toute consolation sur la terre ; incontinent aprés, frapé d’une horrible maladie, et agité au dedans par la tentation du blasphême et du desespoir ; qui neanmoins, en demeurant ferme, fait voir qu’une ame fidele soustenuë du secours divin, au milieu des épreuves les plus effroyables, et malgré les plus noires pensées que l’esprit malin puisse suggerer, sçait non seulement conserver une confiance invincible, mais encore s’eslever par ses propres maux à la plus haute contemplation, et reconnoistre dans les peines qu’elle endure avec le neant de l’homme, le supresme empire de Dieu, et sa sagesse infinie ? Voilà ce qu’enseigne le livre de Job. Pour garder le caractere du temps,