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Page:Bossuet - Discours sur l’Histoire universelle, 1681.djvu/227

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la captivité et la persecution, Dieu avoit des moyens secrets de faire sentir à ses serviteurs les benedictions de la loy, en les élevant toutefois par les maux qu’ils avoient à souffrir à de plus hautes pensées. Par les exemples de Tobie et par ses saints avertissemens, ceux d’Israël estoient excitez à reconnoistre du moins sous la verge la main de Dieu qui les chastioit ; mais presque tous demeuroient dans l’obstination : ceux de Juda, loin de profiter des chastimens d’Israël, en imitent les mauvais exemples. Dieu ne cesse de les avertir par ses prophetes, qu’il leur envoye coup sur coup, s’éveillant la nuit, et se levant dés le matin, comme il dit luy-mesme, pour marquer ses soins paternels. Rebuté de leur ingratitude, il s’émeut contre eux, et les menace de les traiter comme leurs freres rebelles. Il n’y a rien de plus remarquable dans l’histoire du peuple de Dieu, que ce ministere des prophetes. On voit des hommes separez du reste du peuple par une vie retirée, et par un habit particulier : ils ont des demeures, où on les voit vivre dans une espece de communauté, sous un superieur que Dieu leur donnoit. Leur vie pauvre et penitente estoit la figure de la mortification, qui devoit estre annoncée sous l’evangile. Dieu se communiquoit à eux d’une façon particuliere, et faisoit éclater aux yeux du peuple cette merveilleuse communication : mais jamais elle n’éclatoit avec tant de force