Page:Bossuet - Discours sur l’Histoire universelle, 1681.djvu/228

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que durant les temps de desordre où il sembloit que l’idolatrie alloit abolir la loy de Dieu. Durant ces temps malheureux les prophetes faisoient retentir de tous costez, et de vive voix, et par écrit, les menaces de Dieu, et le témoignage qu’ils rendoient à sa verité. Les écrits qu’ils faisoient estoient entre les mains de tout le peuple, et soigneusement conservez en memoire perpetuelle aux siécles futurs. Ceux du peuple qui demeuroient fideles à Dieu, s’unissoient à eux ; et nous voyons mesme qu’en Israël où regnoit l’idolatrie, ce qu’il y avoit de fideles célebroit avec les prophetes le sabat et les festes établies par la loy de Moïse. C’estoit eux qui encourageoient les gens de bien à demeurer fermes dans l’alliance. Plusieurs d’eux ont souffert la mort ; et on a veû à leur exemple dans les temps les plus mauvais, c’est à dire dans le regne mesme de Manasses, une infinité de fideles répandre leur sang pour la verité, en sorte qu’elle n’a pas esté un seul moment sans témoignage. Ainsi la societé du peuple de Dieu subsistoit toûjours : les prophetes y demeuroient : un grand nombre de fideles persistoit hautement dans la loy de Dieu avec eux et avec les prestres enfans de Sadoc, qui , comme dit Ezéchiel, dans les temps d’égarement avoient toûjours observé les cérémonies du sanctuaire . Cependant, malgré les prophetes, malgré les prestres fideles, et le peuple uni avec eux dans