Page:Bossuet - Discours sur l’Histoire universelle, 1681.djvu/230

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Enfin l’iniquité vient à son comble ; l’orgueïl croist avec la foiblesse ; et Nabuchodonosor met tout en poudre.

Dieu n’épargna pas son sanctuaire. Ce beau temple, l’ornement du monde, qui devoit estre éternel si les enfans d’Israël eussent perseveré dans la pieté, fut consumé par le feu des assyriens. C’estoit en vain que les juifs disoient sans cesse, le temple de Dieu, le temple de Dieu, le temple de Dieu est parmi nous, comme si ce temple sacré eust deû les proteger tout seul. Dieu avoit résolu de leur faire voir qu’il n’estoit point attaché à un édifice de pierre, mais qu’il vouloit trouver des coeurs fideles. Ainsi il détruisit le temple de Jerusalem, il en donna le tresor au pillage ; et tant de riches vaisseaux consacrez par des rois pieux furent abandonnez à un roy impie. Mais la chute du peuple de Dieu devoit estre l’instruction de tout l’univers. Nous voyons en la personne de ce roy impie, et ensemble victorieux, ce que c’est que les conquerans. Ils ne sont pour la pluspart que des instrumens de la vengeance divine. Dieu exerce par eux sa justice, et puis il l’exerce sur eux-mesmes. Nabuchodonosor revestu de la puissance divine, et rendu invincible par ce ministere, punit tous les ennemis du peuple de Dieu. Il ravage les iduméens, les ammonites, et les moabites ; il renverse les rois de Syrie : l’Egypte sous le pouvoir