Page:Bossuet - Discours sur l’Histoire universelle, 1681.djvu/231

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de laquelle la Judée avoit tant de fois gemi, est la proye de ce roy superbe, et luy devient tributaire : sa puissance n’est pas moins fatale à la Judée mesme, qui ne sçait pas profiter des delais que Dieu luy donne. Tout tombe, tout est abbatu par la justice divine, dont Nabuchodonosor est le ministre : il tombera à son tour, et Dieu qui employe la main de ce prince pour chastier ses enfans et abbatre ses ennemis, le réserve à sa propre main toute-puissante. Il n’a pas laissé ignorer à ses enfans la destinée de ce roy qui les chastioit, et de l’empire des chaldéens, sous lequel ils devoient estre captifs. De peur qu’ils ne fussent surpris de la gloire des impies, et de leur régne orgueïlleux, les prophetes leur en dénonçoient la courte durée. Isaïe qui a veû la gloire de Nabuchodonosor et son orgueïl insensé long-temps avant sa naissance, a prédit sa chute soudaine et celle de son empire. Babylone n’estoit presque rien, quand ce prophete a veû sa puissance, et un peu aprés, sa ruine. Ainsi les révolutions des villes et des empires qui tourmentoient le peuple de Dieu, ou profitoient de sa perte, estoient écrites dans ses propheties. Ces oracles estoient suivis d’une prompte exécution : et les juifs si rudement chastiez, virent tomber avant eux, ou avec eux, ou un peu aprés, selon les prédictions de leurs prophetes, non seulement Samarie, Idumée, Gaza, Ascalon, Damas, les villes des