Page:Bossuet - Discours sur l’Histoire universelle, 1681.djvu/233

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pour ainsi parler, à la teste de ses armées, et durant tout le cours de ses conquestes, il devoit perir dans sa maison, selon l’oracle d’Ezechiel. Lors qu’admirant sa grandeur, et la beauté de Babylone, il s’éleve au dessus de l’humanité, Dieu le frape, luy oste l’esprit, et le range parmi les bestes. Il revient au temps marqué par Daniel, et reconnoist le Dieu du ciel qui luy avoit fait sentir sa puissance : mais ses successeurs ne profitent pas de son exemple. Les affaires de Babylone se brouïllent, et le temps marqué par les propheties pour le rétablissement de Juda arrive parmi tous ces troubles. Cyrus paroist à la teste des medes, et des perses : tout cede à ce redoutable conquerant. Il s’avance lentement vers les chaldéens, et sa marche est souvent interrompuë. Les nouvelles de sa venuë viennent de loin à loin, comme avoit prédit Jéremie : enfin il se détermine. Babylone souvent menacée par les prophetes, et toûjours superbe et impenitente, voit arriver son vainqueur qu’elle méprise. Ses richesses, ses hautes murailles, son peuple innombrable, sa prodigieuse enceinte, qui enfermoit tout un grand païs, comme l’attestent tous les anciens, et ses provisions infinies luy enflent le coeur. Assiégée durant un long-temps sans sentir aucune incommodité, elle se rit de ses ennemis, et des fossez que Cyrus creusoit autour d’elle : on n’y parle que de festins et de rejoûïssances. Son roy Baltazar petit-fils