Page:Bossuet - Discours sur l’Histoire universelle, 1681.djvu/232

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ammonites et des moabites leurs perpetuels ennemis ; mais les capitales des grands empires, mais Tyr la maistresse de la mer, mais Tanis, mais Memphis, mais Thebe à cent portes avec toutes les richesses de son Sesostris, mais Ninive mesme le siége des rois d’Assyrie ses persecuteurs, mais la superbe Babylone victorieuse de toutes les autres, et riche de leurs dépouïlles.

Il est vray que Jérusalem perit en mesme temps par ses pechez : mais Dieu ne la laissa pas sans esperance. Isaïe qui avoit prédit sa perte, avoit veû son glorieux rétablissement, et luy avoit mesme nommé Cyrus son liberateur, deux cens ans avant qu’il fust né. Jéremie, dont les prédictions avoient esté si précises pour marquer à ce peuple ingrat sa perte certaine, luy avoit promis son retour aprés soixante et dix ans de captivité. Durant ces années ce peuple abbatu estoit respecté dans ses prophetes : ces captifs prononçoient aux rois, et aux peuples leurs terribles destinées. Nabuchodonosor, qui vouloit se faire adorer, adore luy-mesme Daniel, étonné des secrets divins qu’il luy découvroit : il apprend de luy sa sentence bientost suivie de l’exécution. Ce prince victorieux triomphoit dans Babylone, dont il fit la plus grande ville, la plus forte, et la plus belle que le soleil eust jamais veûë. C’estoit là que Dieu l’attendoit pour foudroyer son orgueïl. Heureux et invulnerable,