Page:Bossuet - Discours sur l’Histoire universelle, 1681.djvu/247

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plus besoin ni d’apparition, ni de prédiction manifeste, ni de ces prodiges inoûïs que Dieu faisoit si souvent pour leur salut. Les témoignages qu’ils avoient receûs leur suffisoient ; et leur incredulité, non seulement convaincuë par l’évenement, mais encore si souvent punie, les avoit enfin rendu dociles.

C’est pourquoy depuis ce temps on ne les voit plus retourner à l’idolatrie, à laquelle ils estoient si étrangement portez. Ils s’estoient trop mal trouvez d’avoir rejetté le Dieu de leurs peres. Ils se souvenoient toûjours de Nabuchodonosor et de leur ruine si souvent prédite dans toutes ses circonstances, et toutefois plûtost arrivée qu’elle n’avoit esté cruë. Ils n’estoient pas moins en admiration de leur rétablissement fait contre toute apparence dans le temps, et par celuy qui leur avoit esté marqué. Jamais ils ne voyoient le second temple sans se souvenir pourquoy le premier avoit esté renversé, et comment celuy-cy avoit esté rétabli : ainsi ils se confirmoient dans la foy de leurs ecritures ausquelles tout leur estat rendoit témoignage. On ne vit plus parmi eux de faux prophetes. Ils s’estoient défaits tout ensemble de la pente qu’ils avoient à les croire, et de celle qu’ils avoient à l’idolatrie. Zacharie avoit prédit par un mesme oracle que ces deux choses leur arriveroient. Sa prophetie eût un manifeste accomplissement. Les faux prophetes cesserent sous le second temple :