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Page:Bossuet - Discours sur l’Histoire universelle, 1681.djvu/250

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nous les avons veûs se répandre dans toute la Grece, y vivre selon leur loy, et y joûïr des mesmes droits que les autres citoyens, comme ils faisoient dans Alexandrie et dans Antioche. Cependant leur loy est tournée en grec par les soins de Ptolomée Philadelphe roy d’Egypte. La religion judaïque est connuë parmi les gentils, le temple de Jérusalem est enrichi par les dons des rois et des peuples, les juifs vivent en paix et en liberté sous la puissance des rois de Syrie, et ils n’avoient gueres gousté une telle tranquillité sous leurs propres rois. Elle sembloit devoir estre éternelle s’ils ne l’eussent eux-mesmes troublée par leurs dissensions. Il y avoit trois cens ans qu’ils joûïssoient de ce repos tant prédit par leurs prophetes, quand l’ambition et les jalousies qui se mirent parmi eux les penserent perdre. Quelques-uns des plus puissans trahirent leur peuple pour flater les rois ; ils voulurent se rendre illustres à la maniere des grecs, et préfererent cette vaine pompe à la gloire solide que leur aqueroit parmi leurs citoyens l’observance des loix de leurs ancestres. Ils célebrerent des jeux comme les gentils. Cette nouveauté ébloûït les yeux du peuple, et l’idolatrie revestuë de cette magnificence parut belle à beaucoup de juifs. A ces changemens se meslerent les disputes pour le souverain sacerdoce qui estoit la dignité principale de la nation. Les ambitieux s’attachoient aux rois de Syrie pour